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Zibeline, un article

P-A HOYET, Zibeline

« Les meilleurs solistes au monde se retrouvent à Salon et à Aix » Derrière cette formule lapidaire, nous choisirons dans la lecture le deuxième degré et l’autodérision au recul tellement plus sympathique. Une réalité : La musique n’est pas une compétition, mais elle réclame temps, travail et abnégation au-delà du talent. Pour abolir une hiérarchisation, communiquer, révéler et transmettre à chacun et par certains (les… « meilleurs » parfois) un humanisme, une générosité, une émotion, une réflexion basée sur l’interprétation professionnelle en l’espèce, sincère et convaincue d’un héritage compositionnel. D’ailleurs, cela se fait souvent au prix d’un grand sacrifice qui révèle la posture sacerdotale et parfois fragile de l’interprète. Effectivement, on peut sourire tout en souscrivant à l’accroche de l’affiche du Festival international de musique de chambre de Provence SALON quand on connait le noms des protagonistes : Eric Le Sage (piano), Paul Meyer (clarinette), Emmanuel Pahud (flûte) et leurs multiples suiveurs au sein d’un peloton qui multipliera les échappées dans une programmation variée, multiple et jubilatoire à Salon (antépénultième étape du tour de France rappelons-le…)  : Soirées Vienne 1900, Schubert Rosamonde, Brahms à l’abbaye ; Quatuor Arod, Promenade avec le prometteur Seong-Jin Cho, l’altiste Lise Berthaud, la bassoniste Marie Boichard… Les prestations vont du solo au sextuor, articulées par des thèmes fédérateurs : « Tout Mozart », n’exagérons pas, mais du trio au quintette en passant par la Sonate en ré majeur (on attend avec délectation le magnifique rondo sous les doigts du jeune pianiste Henry Kramer avant sa soirée), des œuvres alternent cordes (Zvi Plesser, Marie Chilemme, Daishin Kashimoto : successivement violoncelle, alto, violon), flûte, anches et cuivre à l’exemple du Trio Les quilles et des quintettes clarinette (si chère au compositeur) et cordes ou piano et vents (Benoît de Barsony et Gilbert Audin au cor et basson). On retrouvera nos interprètes et les mélanges de timbres tout au long de la programmation, à l’exemple de la soirée Concerto furioso au Château de l’Empéri avec Martinu/Brahms/Dvoraket le marimba de Ria Idetta dans les contemporains Ouzounoff et Myers). L’abbaye de Sainte Croix accueillera les amoureux des Suites pour violoncelle de Bach sous les archets de Zvi Plesser et Claudio Bohórquez, si ce ne sont pas les sonates et partitas pour violon par Alexandre Pascal. Pour de bon, tout Fauré ou une bonne dose centré autour de la Mezzo-soprano Karine Deshayes. Tout a une fin, le festival offrira une confrontation Jazz (Paul Lay trio), classique et tango avant de conclure en beauté avec un panachage coloré (Piazolla, Dvorak, Franck, Bloch). Et un coup de cœur pour les transcriptions emblématiques inspirées et sur le souffle par l’accordéoniste Elodie Soulard. Les meilleurs solistes au monde ? À vous de juger. Pour le meilleur du plaisir partagé, assurément.

P-A HOYET
Juillet 2017

Festival international de musique de chambre de Provence SALON
30 juillet au 8 août
Divers lieux, Salon-de-Provence
04 90 56 00 82 festival-salon.fr